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HISTOIRE DE FRANCE,HISTOIRE,POLITIQUE ET PROTESTANTISME

Pourquoi Manuel Valls m'inquiète,reforme,protestant,plitique,

15 Avril 2016 , Rédigé par hugo Publié dans #reforme, #protestants, #politiques

BIBLE & ACTUALITÉPOLITIQUE 14 AVRIL 2016
Auteurs
Olivier Brès
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Pourquoi Manuel Valls m'inquiète


Le pasteur Olivier Brès s’interroge : les politiques doivent-ils rester impassibles ou exprimer leurs émotions ?


Il y a quelqu’un qui m’inquiète, c’est Manuel Valls. Je m’inquiète pour sa santé, vraiment ! Quand on le voit, pendant les questions au gouvernement ou dans ses interventions, les lèvres pincées, le regard sombre, soucieux de manifester sa fermeté, on craint pour les muscles de ses mâchoires, pour sa résistance physique.


Je m’inquiète encore plus pour lui quand je vois Emmanuel Macron, tout sourire, l’air confiant dans sa bonne étoile, écoutant ses interlocuteurs avec un regard amical. Plus Macron sourit, plus habilement il lui chipe son rôle de modernisateur sans barrière, plus Valls se durcit.


Pour ce qui est de leur apparence, on pourrait encore parler de ceux qui ont fait le choix de l’impassibilité qui se veut à la hauteur de la fonction de président – chez Hollande ; ou encore du visage plissé d’une ironie condescendante pour marquer la sagesse – chez Juppé. Parfois la posture choisie est trahie par une gestuelle incoercible, comme le mouvement d’épaules de Sarkozy ou le sourire faux de Marine Le Pen quand elle se prépare à provoquer. Mais chacun se tient à une manière d’être, à l’image de soi qu’il-elle a choisi d’offrir.


Et Dieu dans tout ça ? Les théologiens des premiers siècles ont voulu parler de Dieu comme d’un être impassible. En conformité avec la philosophie grecque, il devait non seulement rester invisible, mais il devait être encore sans passion. Il ne devait surtout pas être touché par ce qui arrivait aux humains ou à la création ; il devait y rester insensible.


Froideur divine


Un vrai Dieu ne pouvait être un Dieu sensible, souffrant, compatissant. C’était déchoir du monde des idées, des sommets de la puissance, du ciel de la domination inflexible.


Nous gardons sans doute mémoire de cette nécessaire froideur divine quand nous attendons de nos dirigeants qu’ils maîtrisent leurs émotions, qu’ils ne paraissent pas atteints par les événements. Dans un autre registre, la manière dont Daech expose des exécutions d’otages par des jeunes gens apparemment insensibles exprime bien la conception qu’ils ont d’un Dieu inflexible et voué à la domination.


Pourtant le Dieu de la Bible, même s’il n’a pas de visage, ne reste pas impassible. Il se plaint de son peuple, il est en colère, il revient de sa colère, il est ému. Est-ce que c’est de l’anthropomorphisme, une manière de faire Dieu à notre image ? Ou n’est-ce pas plutôt le signe d’un vrai souci de Dieu pour les humains, pour les vies qui sont les leurs ?


La figure de Jésus en donnera la révélation définitive. Sa vie et sa mort ne sont pas le passage d’un ectoplasme impassible au milieu des humains, mais la présence réelle d’un corps, d’un visage, d’une voix, d’un regard ; et une mort véritable, avec sa sueur et sa peur.


À partir de là, la complicité entre une religion de la distance de Dieu et une politique de la domination des puissants devient impossible. Dieu n’est plus lointain et les puissants ont beau se tenir à distance, leur pouvoir n’en est pas plus impressionnant. Il marque seulement leur dédain.


Retrouver confiance


À partir de là, nous ne sommes plus invités à choisir un rôle et à nous y tenir. Au contraire, s’arrêter à une posture, vouloir fixer une image publique de soi, c’est convaincre de son incapacité à saisir les soubresauts de l’Histoire, les aléas de l’actualité. C’est manifester son inaptitude à la rencontre, à la sollicitude, à la recherche d’une justice concrète.


Alors si nos politiques arrêtaient de se fatiguer à maquiller et à fixer leurs gestes et leurs figures.


S’ils laissaient apparaître leurs fatigues et leurs questions, leur besoin d’être aimés. (Il ne s’agit pas de réduire la distance pour mieux séduire, mais de reconnaître qu’il n’y a pas de distance.)


Peut-être redeviendraient-ils alors des humains en qui nous pourrions retrouver confiance ?


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