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HISTOIRE DE FRANCE,HISTOIRE,POLITIQUE ET PROTESTANTISME

"Il n'y a pas plus de pédophiles chez les prêtres que chez les enseignants",reforme,violences,sexes,

26 Mai 2016 , Rédigé par hugo Publié dans #reforme, #violences, #viol, #sexes

LES JEUNES GARÇONS ENTRE 9 ET 13 ANS COMPTENT PARMI LES VICTIMES LES PLUS NOMBREUSES DES PÉDOPHILES© NKBIMAGES / ISTOCK
DOSSIERPÉDOPHILIE 19 MAI 2016
Auteurs
Elise Bernind
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"Il n'y a pas plus de pédophiles chez les prêtres que chez les enseignants"


De pratique tolérée dans les années 1970, la pédophilie est devenue un crime absolu. Quels en sont les ressorts historiques, psychiatriques ? Entretien avec le psychiatre Roland Coutanceau.


À lire


Les Blessures
de l’intimité
Roland Coutanceau
Odile Jacob Poches, 2014.
Roland Coutanceau est psychiatre, responsable d’une consultation spécialisée pour victimes et auteurs d’actes de pédophilie, dans les Hauts-de-Seine.


La définition de la pédophilie a évolué avec le temps. Quelle est celle des médecins aujourd’hui ?


L’attrait pédophilique est une excitation sexuelle pour un corps prépubère, fille ou garçon. Premièrement, cet attrait se situe au niveau du fantasme. Il n’y a donc pas forcément passage à l’acte. Deuxièmement, le pédophile peut être « exclusif » : il n’est attiré que par les prépubères; ou « préférentiel », ce qui revient un peu au même; ou, le plus souvent, « secondaire ». Il est attiré par les adultes, mais dans certaines circonstances de frustration sexuelle, il découvre qu’il a un attrait pour les enfants. Troisièmement, le pédophile peut être hétérosexuel, homosexuel ou bisexuel. C’est donc un monde extrêmement varié, sans profil type, y compris concernant l’âge et la classe sociale.


Les pédophiles qui ne passent pas à l’acte sont-ils majoritaires ? Qu’en est-il des femmes ?


C’est par définition impossible de savoir combien ils sont. On les repère mieux depuis que la technologie permet d’aller voir si quelqu’un regarde des images pédopornographiques sur son ordinateur. Les femmes pédophilies sont beaucoup moins nombreuses. Et je n’ai jamais rencontré « d’exclusives ».


Les mêmes personnes abusent-elles de prépubères et de très jeunes enfants ?


La pédophilie est indissociable de la prépuberté. 9-13 ans est la tranche d’âge où l’on retrouve le plus de passages à l’acte, et de très loin. Il y a une deuxième réalité que j’appelle « l’adolescentophilie ». Les « adolescentophiles » sont, eux, attirés par les 13-15 ans. Ils recherchent une belle peau sans imperfection mais aussi la position du dominateur, celui qui initie. C’est pour cela qu’ils ne s’intéressent pas aux adolescents plus âgés. Avant neuf ans, les actes pédophiles sont beaucoup moins nombreux. Et enfin, avant cinq ans, je ne parle plus de pédophilie, mais d’aberration sexuelle.


Les victimes sont-elles le plus souvent des filles ou des garçons ?


Les pédophiles exclusifs sont surtout attirés par les garçons. Ce sont donc les premières victimes quand il y a passage à l’acte et récidive.


Les pédophiles souffrent-ils de leur orientation sexuelle ?


Il y a quatre types de vécus. Les premiers culpabilisent. Ils nous consultent même quand ils ne passent pas à l’acte. Les deuxièmes en souffrent mais se leurrent. Ils pensent qu’ils sont attentifs aux enfants. Mais derrière l’affection se cache l’excitation sexuelle. Les troisièmes sont égocentrés. Ils se disent qu’ils sont comme ça. Ils cohabitent avec, et finissent par accepter. Les derniers, les cyniques, n’en ont rien à faire, à partir du moment où ils se satisfont.


Les pédophiles décomplexés, tels ceux des années 70, qui font partie du second groupe, le sont en consultation mais pas sur la place publique. Aujourd’hui, un livre prosélyte ne trouverait plus d’éditeur.


Les pédophiles sont-ils surreprésentés chez les prêtres ?


Les pédophiles exclusifs qui passent à l’acte se retrouvent dans toutes les activités professionnelles proches des enfants. Il n’y a donc pas plus de pédophiles chez les prêtres que chez les enseignants. Et ils sont une minorité dans ces professions ! C’est une pédophilie de proximité. Ils connaissent leurs victimes, les manipulent. Ils ont de nombreux rapports avec le même enfant avant que ça se sache. Parfois ils se leurrent. C’est le groupe le plus important de pédophiles transgressifs. Ceux qui agressent sans connaître l’enfant sont une minorité. Ceux-là sont plus organisés et plus dangereux. Ils peuvent kidnapper, séquestrer et une infime partie d’entre eux va jusqu’à tuer.


Et l’inceste ?


C’est un monde complexe et à part. Car les incestueux récidivent peu et n’ont pas une attirance exclusive pour les enfants. C’est souvent une affaire de promiscuité. L’enfant est là, le père ou le beau-père est frustré, et un jour, il dérive. Le pédophile, lui, est manipulateur.


Comment faire de la prévention ?


Dans certains pays protestants comme l’Allemagne, des spots télévisés très sobres abordent le sujet pour encourager les personnes avec des pensées pédophiles à se faire aider. La maturité d’une société est d’oser en parler pour mieux prévenir. La France est un pays curieux qui n’ose pas toucher aux tabous, même pour trouver des solutions. Nous n’avons pas encore de spots télévisés mais nous développons les consultations préventives. L’attrait pédophilique s’apprivoise, se gère. Dans la sexualité humaine, il y a un monde entre le fantasme et le passage à l’acte. La plupart des gens ont un interdit structuré. Le problème n’est pas d’être excité, mais de ne pas se contrôler.


Propos recueillis par É. B.

http://reforme.net/une/societe/ny-a-plus-pedophiles-pretres-enseignants

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