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HISTOIRE DE FRANCE,HISTOIRE,POLITIQUE ET PROTESTANTISME

Sarah Monod,protestant,histoire,histoire de france,femmes,

6 Avril 2016 , Rédigé par hugo Publié dans #protestants, #femmes, #feminisme, #histoire de france, #histoire

Sarah Monod


Portrait de Sarah Monod (1836-1912), féministe protestante française
Sarah Monod, née le 24 juin 1836 à Lyon, morte le 13 décembre 1912 à Paris, est une philanthrope et féministe protestante française.


Sommaire [masquer]
1 Biographie
2 La philanthropie
2.1 La Guerre franco-prussienne
2.2 L'abolitionnisme
3 Le féminisme
3.1 La conférence de Versailles
3.2 Le Conseil national des femmes françaises
4 Notes et références
5 Bibliographie
6 Voir aussi
Biographie[modifier | modifier le code]
Alexandrine Elisabeth Sarah Monod est née le 24 juin 1836 à Lyon1. C'est la quatrième des sept enfants du pasteur de l'église évangélique de Lyon Adolphe Monod et de sa femme Hannah Honyman. Elle est baptisée le 24 juillet 1836 ; son parrain est son oncle paternel Edouard Monod, négociant au Havre, et ses marraines sont ses tantes paternelles, Eliza et Betsy Monod.


Peu de sources détaillent son enfance2 : elle aurait suivi des cours privés, notamment d'italien et d'allemand, en plus de l'anglais - sa langue maternelle - parlé couramment. Elle se charge par ailleurs de l'éducation de sa jeune sœur Camille, de neuf ans sa cadette. L'été, elle séjourne en compagnie de sa sœur Émilie en Angleterre ou en Normandie, dans la famille du pasteur Puaux. Dès l'enfance elle côtoie donc Louise Puaux3 et Julie Puaux (1848-1922), future épouse de Jules Siegfried, amies et futures consœurs du Conseil national des femmes françaises.


Très proche de son père, Sarah Monod a 19 ans lorsqu’il décède en 1855. Après avoir travaillé avec lui lors des derniers moments de sa vie, elle s’attache à réunir ses œuvres. Elle fait notamment publier Les Adieux d’Adolphe Monod à ses amis et à l’Église4, plusieurs volumes de sermons, un recueil de correspondances et une biographie de son père5. Elle consacre une notice biographique à la sœur Caroline Malvesin, fondatrice de l’Institution des Diaconesses de Paris.


Son éducation pieuse sera très présente dans ses discours, faisant dire à la journaliste Jane Misme que Sarah Monod « vêtue en quakeresse » est la « papesse du protestantisme »6.




Réseau familial philanthropique de Sarah MONOD, féministe française
La philanthropie[modifier | modifier le code]
La Guerre franco-prussienne[modifier | modifier le code]
La guerre franco-prussienne marque un tournant dans la vie de Sarah Monod. À la mort de sa mère en 1868, elle se rapproche de l'Institution des Diaconesses de Paris. C'est grâce à son implication chez les diaconesses qu'elle part dès le 3 août 1870 sur le front de Forbach, quinze jours à peine après la déclaration de guerre. L’ambulance mobile dite « Monod »7 , mise en place à l’instigation du Comité évangélique auxiliaire de secours pour les soldats blessés et malades, soigne, entre le 3 août 1870 et le 3 mars 1871, plus de 1 500 blessés, notamment lors des batailles de Daucourt et Beaumont. Après la défaite de Sedan, Sarah Monod se rend à Londres afin de récolter des fonds et du matériel, puis regagne la France et l'ambulance pour soigner les victimes de la campagne de la Loire. Le 2 juillet 1871, elle se voit décerner la croix de bronze de l’Œuvre internationale de secours volontaire sur les champs de bataille, dans les ambulances et dans les hôpitaux, « en souvenir de ses excellents services et de son dévouement exceptionnel, comme Inspectrice, dans l’Ambulance 11 bis ». Quelques mois plus tard, elle portera secours à d’autres blessés : ceux de la Commune de Paris, sans distinction de camp.


L'abolitionnisme[modifier | modifier le code]
Au sortir de la guerre, elle est nommée directrice laïque de l'Institution des Diaconesses de Paris, poste qu'elle occupera 30 ans, n'en démissionnant qu'à sa nomination à la direction du Conseil national des femmes françaises en 1901. Son unique frère William Monod8 est aumônier de l'institution. Sarah Monod y organise la « section d'éducation correctionnelle où sont détenues les délinquantes mineures protestantes et met en avant les progrès de la médecine au sein de la maison de la santé »9. Dès 1861, sa correspondance laisse poindre ses préoccupations pour le sort des femmes10. La prison de femmes de Saint-Lazare est le lieu autour duquel se cristallise la philanthropie abolitionniste protestante. Son père Adolphe Monod y prêchait déjà le dimanche, tandis que sa mère Hannah Honyma s'y occupait d'une association de bienfaisance. C'est à Saint-Lazare que Sarah Monod fait la connaissance d'Isabelle Bogelot, directrice de l'Œuvre des libérées de Saint-Lazare, et des abolitionnistes Joséphine Butler, Émilie de Morsier ou Aimé Humbert.


L'ombre de Sarah Monod plane au-dessus des mouvements chrétiens qui œuvrent pour la protection de la jeune fille, notamment des foyers d'accueil et offices de placement afin de prévenir la prostitution chez les jeunes filles qui arrivent en ville à la recherche d'un emploi. Elle crée ainsi en 1892 avec sa sœur Camille Vernes11 les Unions chrétiennes de jeunes filles, branche française des Young women Christian Association.


Sarah Monod travaille de concert avec son cousin Henri Monod12, directeur du Conseil supérieur de l'Assistance publique.


Le féminisme[modifier | modifier le code]
La conférence de Versailles[modifier | modifier le code]
En 1889 se déroule à Paris, en marge de l'Exposition universelle, le premier congrès des œuvres et institutions féminines, organisé par Isabelle Bogelot et Émilie de Morsier. Sarah Monod fait partie du comité du congrès présidé par Jules Simon. Elle décide, pour ne pas laisser retomber l'élan, de réunir chaque année « toutes les femmes s'intéressant à la philanthropie » : la conférence de Versailles - que Sarah Monod présidera 20 ans - est née. Le rendez-vous est international, accueillant des femmes de toute l'Europe, des États-Unis mais aussi du continent africain (Lesotho, Sénégal). Dans le comité siègent les grandes figures de la philanthropie protestante : Julie Siegfried, Isabelle Bogelot et Émilie de Morsier. Les rapports consacrés à la législation, l'hygiène, l'éducation ou l'assistance, sont publiés dans la revue La Femme13. En 1899, Sarah Monod et Isabelle Bogelot se rendant au Congrès international des femmes de Londres.


Le Conseil national des femmes françaises[modifier | modifier le code]
Le Conseil national des femmes françaises est mis en place en 1901. Le comité d'initiative dirigé par Isabelle Bogelot réunit d'une part Sarah Monod, Madame avril de Sainte-Croix et Julie Siegfried, issues du Congrès des œuvres et institutions féminines, et d'autre part Marie Bonnevial, Madame Wiggishoff et Maria Pognon, issues du Congrès international de la condition et des droits de la femme. Bien que Maria Pognon redoute que Sarah Monod soit pour beaucoup « le porte-drapeau du protestantisme », le choix de la majorité se porte sur Sarah Monod comme présidente, qui s’impose « tant au point de vue de [sa] haute personnalité morale et intellectuelle […] que du succès du Conseil national »14.


Le 11 novembre 1911, Sarah Monod reçoit la Légion d'honneur15 des mains du sénateur Ferdinand Dreyfus. Parmi les réformes inspirées ou conseillées par le Conseil national des femmes françaises qu'elle préside, le gouvernement français16 retient notamment :


la loi du 13 juillet 1907 sur le libre salaire de la femme mariée,
la collaboration minutieuse et constante aux divers règlements relatifs au travail des femmes,
la collaboration aux lois et projets de loi ayant pour but d’améliorer le fonctionnement et l’organisation de la puissance paternelle,
la collaboration au projet de loi […] soumis au Sénat et tendant à l’institution de tribunaux pour enfants.
Sous sa présidence est créée la section Suffrage du Conseil national des femmes françaises (1906).


Sarah Monod est membre du journal L’Avant-Courrière (fondé en 1893), et rejoint même l’Union française pour le suffrage des femmes. Mais son féminisme – quand elle ne récuse pas le vocable17 – est un féminisme « digne sans raideur, tenace sans outrecuidance, persévérant sans âpreté, chaleureux sans passion », plutôt réticent aux actions et campagnes menées par certaines suffragistes, mais prêt à « collaborer en toute loyauté et en toute confiance, avec des femmes venues des horizons les plus différents des opinions religieuses, philosophiques ou sociales »18.


Elle meurt le 13 décembre 191219, à l’âge de 76 ans, des suites d’une congestion cérébrale aggravée par sa présence lors d’une vente organisée au profit de l’Union internationale des Amies de la jeune fille, à laquelle elle tenait absolument à assurer son comptoir. Ses obsèques sont célébrées au temple des Batignolles par le pasteur Benjamin Couve en présence de notamment de Mme Jules Ferry, Marguerite de Witt-Schlumberger, les familles Puaux et Siegfried, Madame avril de Sainte-Croix. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise.


Notes et références[modifier | modifier le code]
↑ Acte de naissance, Archives municipales de Lyon : http://www.fondsenligne.archives-lyon.fr/ark:/18811/4st8o25frwrjchst [archive]
↑ Correspondance familiale dans les Papiers Sarah Monod, Bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français
↑ Louise Puaux (1837-1914), future épouse du pasteur Auguste Decoppet.
↑ Disponible sur GoogleBooks http://books.google.fr/books?id=zykBAAAAQAAJ [archive]
↑ Disponible sur http://archive.org/details/adolphmonod01mono [archive] et http://archive.org/details/adolphmonod02mono [archive]
↑ Article de Jane Misme dans Le Figaro, 7 juillet 1899, Papiers Sarah Monod, Bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français
↑ L’ambulance est composée de trois cousins Monod : Alfred Monod, avocat à la Cour de cassation, est directeur de l’ambulance dans laquelle officient ses deux cousins Gabriel Monod (agrégé de l’Université, futur créateur de l’École libre des sciences politiques) et Sarah Monod au titre d’inspectrice des infirmières. L’escouade est composée d’un chirurgien, de six aides chirurgiens, sept sous aides, un pharmacien, deux aumôniers (un protestant et un catholique) ainsi que de deux diaconesses infirmières volontaires – sœurs Émilie Kall et Joséphine Sauer. Le brassard d'infirmière de Sarah Monod est conservé à la Bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français, ainsi que quelques caricatures de soldats, croquées pendant la guerre. Papiers Sarah Monod, Bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français.
↑ William Monod (1834-1916). Pasteur à Marsauceux (commune de Mézières-en-Drouais, Eure-et-Loir), Mouilleron-en-Pareds (Vendée) et aumônier de l’Institution des Diaconesses de Paris.
↑ Article de Mme d’Abbadie d’Arrast, La Femme, janvier 1913
↑ Lettre de Sarah Monod à sa mère relatant sa visite le 22 février 1861 de la Maison centrale de Montpellier, Papiers Sarah Monod, Bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français.
↑ Camille MONOD (1843-1910), épouse du pasteur Charles Félix Vernes, fonde avec sa sœur Sarah Monod les Unions chrétiennes de jeunes filles (UCJF), branche française de l’Alliance universelle des Young Women’s Christian Association (YWCA). Mme Charles Vernes est à la tête de l’Orphelinat évangélique de Batignolles créé en 1903 et affiliée au CNFF. Leur nièce Lucile Morin devient présidente des UCJF en 1903 ; elle est avec Mme Augustin Monod déléguée auprès du Conseil national des Femmes Françaises du Foyer de l’Ouvrière. Marie Monod, née Valette (1839-1910), belle-sœur de Sarah Monod, est présente au 2e Congrès des œuvres et institutions féminines de 1900, et sera vice-présidente des UCJF en 1905.
↑ Henri Monod (1843-1911). Cousin germain de Sarah Monod. Préfet de l’Ariège en 1879, directeur de l’Assistance publique de 1887 à 1905, commissaire du gouvernement pour la loi du 17 juillet 1893 sur l’assistance médicale gratuite, directeur général de l’hygiène publique au ministère de l’Intérieur en 1905.
↑ Disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f/date [archive]
↑ Procès-verbal du comité d’initiative du 10 avril 1901, 2 AF 3, Centre des Archives du Féminisme
↑ Dossier de Légion d'honneur numérisé, Archives nationales, dossier de Légion d'honneur, [lire en ligne [archive]]
↑ Rapport du commissaire général du gouvernement français à l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles, 1910 – exposition où elle reçoit un diplôme d’honneur, Papiers Sarah Monod, Bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français
↑ « Nous sommes féminines, non féministes ». Conférence de Versailles de 1897, propos rapportés par Jane Misme dans Minerva, 16 novembre 1940, 1 AF 567, Centre des Archives du Féminisme
↑ Hommage de Mme avril de Sainte Croix à Sarah Monod, retranscrit dans La Femme, janvier 1913, Papiers Sarah Monod, Bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français
↑ Acte de décès, Archives de Paris http://canadp-archivesenligne.paris.fr/ [archive]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Florence Rochefort, « Féminisme et protestantisme au xixe siècle, premières rencontres, 1830-1900 », in Bulletin de la société de l'histoire du protestantisme français, tome 146, janvier-mars 2000, pp. 69-89
Geneviève Poujol, Un féminisme sous tutelle : les protestantes françaises, 1810-1960, Paris, les Éditions de Paris, 2003 (ISBN 978-2846210317)
Christine Bard, Les femmes dans la société française, Paris, Armand Colin, 2001
Gabrielle Cadier-Rey, "Autour d'un centenaire, Sarah Monod". Bulletin de la Société de l'Histoire du protestantisme français, Tome 158, octobre-décembre 2012, pp. 771-792.
Voir aussi[modifier | modifier le code]
FĂ©minisme et place des femmes en politique en France
Descendance de Jean Monod (1765-1836)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sarah_Monod

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